Bibliographie Anca Visdei

 

DOÑA JUANA

THÉÂTRE

Six personnages (2 femmes et 4 hommes) pouvant être interprétés par 5 comédiens (2 femmes et 3 hommes)

L'Avant-Scène n° 812 - 1987

 

 

 

Anca Visdei est fascinée, elle aussi, par Don Juan, Don Giovanni, si vous préférez, qu'il soit mythe, homme ou femme. Dans ce cas son nom sera Doña Juana, comme le titre de sa dernière pièce. Cette fascination de la séduction éclatait déjà dans sa première comédie, Atroce Fin d'un Séducteur, lauréate du concours de l'Acte (Metz 1985). Elle explosait dans son roman, l'Eternelle amoureuse ou Confession d'une séductrice, qui pétilla au box office des librairies pendant l'été dernier. Vous remarquez ? Côté cour (théâtre) c'est la fin d'un séducteur qui prend l'identité de " Doña Juana " ; côté jardin (roman), la confession d'une séductrice. Don Juan, Doña Juana, qu'importe le sexe, c'est toujours la personnification de la séduction. Don Juan ! Le " Burlador ", le trompeur, comme on dit en espagnol, car la séduction est, fatalement, trompeuse… Au reste, Anca Visdei sait de quoi elle parle. Les rapports avec son héros, mâle ou femelle, sont œdipiens et le héros prend, tour à tour, l'apparence de l'amant (ou du mari), du frère (ou de la sœur), du père (ou du confesseur) qu'il faut séduire — encore, toujours séduire — ou bien tuer… ou bien encore, ce qui est plus raffiné, inciter à se tuer lui-même…Juana est la séductrice dans toute sa splendeur. L'auteur précise qu'elle a les cheveux noirs et les yeux violets. Couleur qu'elle croit retrouver dans les yeux de ceux qu'elle s'acharne à conquérir. Couleur qu'ils perdent dès qu'ils ont cessé de plaire. C'est-à-dire dès qu'elle les a " possédés ". Car c'est bien de possession qu'il s'agit, le but de la séduction étant la possession brutale, totale, définitive. Après ? Dehors, au suivant ! Tirez-en la moralité car, ici, il ne s'agit plus de morale. En attendant, laissez-vous séduire…

André Camp